Un dialogue avec les mots et les images - Une question de mémoire

La pratique artistique d'Andréanne Oberson s'intéresse au quotidien, qu'elle perçoit comme un réservoir, un espace où elle puise des éléments pour mettre en lumière les fantômes de nos perceptions. Elle cherche également à révéler les failles des systèmes langagiers, les imprégnant de poésie et de critique pour établir de nouvelles hiérarchies : prioriser le langage, réévaluer la temporalité et affirmer l'importance du récit.

Son travail questionne les notions d'espace, de temps et de mémoire, ainsi que notre capacité à nous raconter des histoires. Pour cette exposition, elle a puisé dans ses archives personnelles, notamment des vidéos Super 8 d'enfance, pour en extraire des fragments de mémoire. Ces dessins délicats au graphite s'entremêlent à un texte poétique qui, par le biais de réflexions et de jeux sonores, crée un voyage intime où des émotions enfouies refont surface dans un collage de sensations et de souvenirs.

À travers ces visions fragmentées, elle explore la construction de l'identité et son rapport au monde, à sa famille, au temps et à la mémoire, interrogeant la nature de l'existence. Parallèlement, elle présente une série d'images créées ces dix dernières années, qu'elle associe à des textes poétiques ou des haïkus composés selon la technique du cut-up.

Qu'elles soient intimes ou collectives, les œuvres d'Andréanne Oberson représentent des moments suspendus au potentiel narratif. Ce sont des récits en latence, prêts à être activés par le regard ou les actions du spectateur. Par cette résonance, elles génèrent de nouvelles histoires où s'entremêlent passé, présent, réalité et mémoire, visible et invisible.

Elle nous invite à réfléchir à la manière dont nous reconstruisons nos souvenirs et nos identités, à naviguer entre l’image et le langage, entre ce qui est montré et ce qui est ressenti, entre ce qui reste et ce qui s’estompe à jamais.